Neuralnoise le 17 décembre 2010

Tout autour, les hommes des 1er et 2e bataillons du 308e régiment d’infanterie s’agitent comme des fourmis paniquées. Ils forment de petits groupes pour tenter de se creuser des abris dans le sol rocailleux. L’unité est installée au fond d’une vallée en pentes douces, d’environ cinq kilomètres de long sur trois cents mètres de large, qui est traversée par un mince ruisseau. Les alentours sont relativement dégagés. Les collines ne sont couronnées que de quelques arbustes, alors que leurs flancs sont recouverts par l’épaisse forêt de l’Argonesse.

Alors que la lumière du soleil s’évanouit peu à peu toutes les choses semblent perdre leurs couleurs, le sol inégal se transforme en étendue indistincte faite de boue noirâtre et de pierres grises, alors que l’obscure forêt au loin se dissout dans les nuages ternes engloutit le paysage dans un linceul de tristesse. Les soldats eux-mêmes ne sont plus que des fantômes en noir et blanc, qui émergent des zones d’ombres comme des silhouettes. Une fine bruine glaciale se met à tomber et les hommes se recroquevillent les uns contre les autres, en essayant de détendre leurs muscles douloureux.

À quelques mètres de là, une lanterne à kérosène s’illumine au milieu des racines d’un arbre. Sa chaude luminescence dorée permet d’apercevoir la sombre figure du Major Whittlesey, le commandant du bataillon, dont les lunettes lancent des éclairs chaque fois qu’il se tourne vers le Capitaine McMurtry, son second. Les deux officiers discutent avec le Lieutenant Wilhelm, le chef de peloton, tout en gesticulant au dessus d’une carte posée à même le sol. Soudain, le vacarme des cris et des pelles qui grattent la terre est couvert par un coup de tonnerre assourdissant. Le sol paraît se soulever et le monde reprend brusquement ses couleurs, le temps d’un éclair. Puis, c’est au tour d’un nouvel obus de s’abattre, puis d’un autre, chacune des déflagrations imprimant sur les rétines l’image des arbres squelettiques et des hommes terrifiés. Un projectile de mortier tombe alors à quelques mètres et provoque une véritable grêle de poussière et de cailloux. Un nouveau son est perçu entre les explosions : les râles des blessés.

Le sergent Maddox s’adresse aux hommes de son escouade en murmurant :

« C’est leur artillerie. Merveilleux ! Et nous ne pouvons même pas nous enterrer correctement, parce que nous n’avons pas les outils adéquats. C’est de la folie pure ! »

Les soldats de l’escouade comment à parler à ce moment-là, ils se plaignent de leur sort. Ils protestent à propos du manque de nourriture et du froid ambiant tandis que le sergent critique le manque de préparation.

Une pluie verglaçante commence à tomber en tambourinant sur les casques des soldats qui se mettent à grelotter de plus belle alors qu’un nouvel obus explose dans le voisinage. Un homme hurlant traverse les airs en battant des bras pour s’abattre au beau milieu du refuge, dans un déluge de sang et de morceaux non identifiables. Le cadavre n’a plus de jambes.

Tandis que l’escouade s’emploie à se débarrasser du corps, le tir de barrage redouble d’intensité. Des arbres embrasés projettent désormais une lueur d’outre-tombe sur le sinistre paysage, alors que les soldats cherchent à s’abriter du mieux qu’ils peuvent.

Le Lieutenant Wilhelm s’approche du groupe et hurle pour se faire entendre :

« Très bien, écoutez ! Une patrouille nous a confirmé qu’une importante force mutante se trouvait derrière nous. Nous sommes donc coupés de nos arrières », tous les visages s’allongent à cette nouvelle alors qu’il reprend, « Ce matin, pendant notre progression, nous avons perdu toute trace des compagnies B et D. Le major nous a chargés, avec les 3e et 4e pelotons, de partir à leur recherche. »

Maddox beugle :

« Vous êtes cinglés ?! Nous sommes encerclés, coupés du reste des troupes et vous voudriez que nous allions flâner dans le coin ? »

Wilhelm réplique :

« Vous préférez rester ici ? », un obus explose au même moment, comme pour ponctuer sa question.

Personne ne dit plus rien jusqu’à ce que le sergent jappe :

« Allez-y, mettez-vous en route. Tout vaut mieux que de rester ! Magnez-vous ! »

L’escouade retrouve les deux autres pelotons et fait ensuite route vers l’extrémité de la vallée. La progression est ponctuée d’explosions et oblige plusieurs fois la soixantaine de soldats à se réfugier dans les abris disponibles. Ils arrivent finalement au bout de la vallée, où ils rencontrent trois soldats occupés à tendre des barbelés autour du périmètre. Ils interrompent leur travail pour saluer Wilhelm, qui leur révèle le but de sa mission. Les sapeurs écartent alors les fils de fer à l’aide de longues perches afin que l’unité puisse poursuivre son chemin. Quand ils passent devant eux, ils peuvent entendre l’un d’eux murmurer :

« Pauvres bougres… pas la peine d’attendre leur retour. »

Devant eux s’étendent désormais les mornes profondeurs de l’Argonesse.

Les trois pelotons s’engagent dans la forêt et sont vite enveloppés dans une chape de quasi-obscurité. Le sol inégal monte et descend de façon abrupte, sans qu’il soit possible de voir quoi que ce soit qui ressemble à un chemin. Le passage emprunté est encombré de rochers et de buissons touffus. Des arbres, dont les frondaisons se perdent dans les nuées, semblent épier les intrus. Le crachin s’est maintenant mué en une brume légère, qui limite la visibilité au point qu’on ne peut plus voir plus loin que le bout de sa baïonnette. Le fracas des explosions se perd peu à peu dans le lointain et l’on n’entend plus, de temps à autre, que de sourds grondements fantomatiques.

La progression est éreintante sur le terrain cabossé. Parfois, un petit groupe d’hommes se retrouve bloqué dans des barbelés rouillés et toute la colonne doit s’arrêter pour l’aider à se libérer. Traînards et éclaireurs se fondent dans le brouillard et disparaissent à la vue de tous. La nuit se rafraîchit encore. Tout le monde à l’impression de percevoir des mouvements à l’extrême limite de son champ de vision. Chaque rocher paraît être un nid de mitrailleuses et chaque souche ressemble à un ennemi à l’affût.

Après une éternité, Maddox fait signe de s’arrêter, tout en indiquant quelque chose sur le sol. Le groupe s’assemble autour de lui pour mieux voir : dans une flaque de boue, il y a plusieurs rangées de traces de pas se dirigeant vers la droite. La piste traverse un enchevêtrement de fils, qui ont manifestement été sectionnés.
Maddox chuchote :

« Ce doit être eux. »

Le caporal Grimm réplique :

« Attendez, Sergent, je crois que ce soient nos propres traces »

Une querelle s’ensuit alors que Severus identifie les traces comme étant celle des deux compagnies portées disparues.

Maddox intervient finalement :

« C’est bon, on s’en fout ! Simmons, contacte le troisième peloton ! »

Celui-ci entreprend aussitôt de lancer des appels via sa radio :

« Troisième peloton ! Eh, répondez ! »

Mais tout n’est que silence aux alentours. Les hommes commencent alors à murmurer :

« On est perdus, ou quoi ? »

« Dites, on ne serait pas en train de tourner en rond ? »

« Putain, on n’y voit que dalle ici. »

Maddox tente de les calmer :

« Nous ne sommes pas perdus », assure-t-il en se saisissant de sa boussole. Il regarde intensément l’instrument en le maintenant juste devant ses yeux :

« Bordel de merde !»

Il pose son fusil et craque une allumette contre le rebord de son casque et l’approche ensuite vers le cadran…

Une détonation retentit et la flamme de l’allumette vacille un instant, avant de s’éteindre. Pendant une seconde, tous ont le temps de voir un ignoble trou sanguinolent, là où se trouvait instant plus tôt le visage de Maddox. Un puissant sifflement résonne au dessus des têtes et, brusquement, toute la scène est éclairée par une lumière aveuglante venant du ciel. Le sol boueux, les hommes pris de surprise et le corps secoué de convulsions de Maddox émergent d’un seul coup de l’obscurité dans leur atroce réalité. C’est seulement quand résonne un second coup de feu que les soldats prennent conscience du fait qu’il se tiennent en terrain découvert et que l’abri le plus proche se trouve à plusieurs mètres d’eux. En levant les yeux, ils peuvent remarquer une fusée éclairante qui retombe lentement en direction du sol et c’est à cet instant qu’ils voient voir la tranchée, creusée dans une crête proche, où des ennemis pointent leurs fusils laser dans votre direction. De nouveaux tirs et des hurlements se font entendre. Mais il faut l’explosion d’une grenade pour qu’ils décident enfin à agir. Alors qu’ils épaulent votre fusil, un nouveau son s’ajoute à celui de la bataille, un son qui glace les sangs : le caquètement d’une mitrailleuse.

Layana agit rapidement en réalisant plusieurs tires de couverture afin que ses compagnons puissent se mettre à l’abri, confiante et sure d’elle.

Extrait audio (14sec) :

Mais c’est sans compter Oldvein, pris d’effroi qui reste stoïque en plein champ de bataille. Elle essaye de lui faire retrouver sa raison et Severus décide de traîner Oldvein jusqu’au couvert d’un gros rocher en attendant qu’il retrouve ses esprits.

Extrait audio (22sec) :

Durant leurs replis, Layana décide d’aller se terrer derrière une vieille souche tirant à feu nourri de sa position. De leur position, Layana, Oldvein et Severus canardent la tranchée ennemie tant bien que mal. Alors que tout semble perdu, les deux pelotons dirigés par le lieutenant Wilhelm apparaissent soudain au sommet d’une butte voisine. La trentaine d’hommes bondissent alors dans la lumière et leur officier se met à hurler :

« Chargez ! Écrasez moi ces salauds les gars ! »

Pris d’un courage excessif, Oldvein se décide lui aussi à charger la tranchée soutenue par les tirs de Severus et Layana.
Après avoir subi de terribles pertes, les deux pelotons parviennent à atteindre la tranchée ennemie. Oldvein arrive en même temps qu’eux. Les pieds posés près de l’abri, il envoie salve sur salve et nettoie la zone. Puis il est rapidement rejoint par Layana et Severus alors qu’ils éprouvent une étrange sensation et sentent leurs cheveux se lever sur leur tête. L’expression interloquée arborée par les adversaires prouve qu’eux aussi ressentent la même chose.

De mystérieux tourbillons lumineux apparaissent un peu partout, accompagnés par un bourdonnement sourd, à la limite du perceptible, qu’ils peuvent entendre malgré la fusillade. Ils ont tous l’impression que ses oreilles éclatent. Tout vire instantanément au blanc, tandis que la scène est embrasée par un éclair aveuglant. Les soldats ont l’impression d’être frappés par une onde de choc aussi puissante qu’un marteau-pilon. Leur visage est fouetté par le vent et ils sont comme soulevés de terre. Au loin, ils entendent un bruit rappelant celui du tonnerre et le monde passe brusquement du blanc au noir…

Quand les soldats ouvrent leurs yeux, leur corps est submergé par une vague douloureuse. Ils ont la surprise de découvrir que le ciel au dessus de leur tête est lumineux. Ils distinguent même l’aveuglant disque solaire derrière une couche de fins nuages. Il fait jour !

Ils essayent tous de bouger et leurs articulations raidies les laissent imaginer que pas mal d’heures se sont écoulées. Chose étrange : leurs vêtements sont secs, bien que leurs doigts soient engourdis par le froid. En s’asseyant alors, ils poussent une exclamation en découvrant le spectacle qui s’offre à eux. La crête sur laquelle ils ont combattu un moment plus tôt ressemble désormais à la surface de la Lune. La terre paraît avoir été labourée et tous les arbres ont été déracinés, débarrassés de leur écorce et brisés comme autant d’allumettes. Au-delà de l’enchevêtrement de bois : la forêt d’Argonnesse, sombre et sinistrement silencieuse. Le sol brun foncé est maintenant recouvert d’une poudre gris cendre. Malgré les averses qui se sont abattues ici, il n’y a aucune trace d’humidité aux alentours. Seules quelques mares d’eau fumante et verdâtre sont visibles, çà et là.
Les camarades s’étirent à côté d’eux et c’est seulement à ce moment-là qu’ils remarquent les cadavres, ou plutôt les morceaux de cadavres. Au sommet de ce qui était avant une colline, sur la tranchée ennemie, la mitrailleuse a fondu, mais les sacs de sable n’ont pas bougé d’un iota ! Ils remarquent aussi qu’ils sont affligés de ce qui ressemble à de mauvais coups de soleil sur les parties exposées de leurs corps. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?

Oldvein et Severus se mettent en branle vers la tranchée pendant que Layana tente de retrouver un officier vivant où au moins la radio de l’escouade. Elle est rapidement découragée en retrouvant une simple main tenant encore fermement le pistolet laser de Wilhelm et décide alors de rejoindre Oldvein et Severus, laissant au bon soin des sept autres survivants de mettre la main sûre la radio. Du haut de la tranchée, Oldvein observe le champ de bataille, il n’y a aucune empreinte humaine ou animale dans la zone dévastée. Celle-ci a toute l’apparence d’un cercle parfait de cinquante mètres de diamètre, et tous les arbres en bordure se sont abattus vers l’extérieur. Le centre de la déflagration paraît avoir été la tranchée mutante. Les monceaux de débris sont alignés en forme de spirale. De plus, on dirait qu’ils ont littéralement été aspirés vers le sommet de la colline, comme s’ils avaient été pris dans un maelström. Severus observe que trente centimètres en dessous du niveau du sol, la tranchée mutante est parfaitement intacte, bien qu’elle soit encombrée de cadavres brûlés du sommet du crâne au milieu de la poitrine.

Un grondement sourd près d’Oldvein et Severus se fait entendre et est rapidement suivi d’une fumée de poussière s’élevant de la tranchée. Les trois soldats parcourent alors la tranchée et constatent que la fumée provient d’un banal poste de combat assorti d’un abri souterrain. Les marches de bois menant à l’abri craquent de façon menaçante, tout comme les étais qui consolident l’installation. L’abri lui-même consiste en une simple pièce confinée, qui ne contient qu’un bureau, quelques caisses et un amoncellement recouvert d’une bâche.

En dessous de la bâche, Severus révèle six mutants morts, encore vêtus de ce qu’on pourrait considérer comme un uniforme. La peau des cadavres est grisâtre et ils arborent des taches sombres sous les yeux et au niveau de la mâchoire. Il décide de piquer un corps du bout de sa baïonnette et observe que leur peau est desséchée, écailleuse et laisse une sorte de poussière noirâtre sur le bout de son arme.

En fouillant le bureau, Layana découvre divers papiers qui sont éparpillés. Il s’agit d’ordres et de rapports de routine qui font souvent référence à une fatigue extrême des hommes et à un mal étrange qui a emporté plusieurs soldats pendant leur sommeil. Un rapport medicae sur les morts souligne que les muscles des cadavres sont étrangement atrophiés, mais qu’il n’y a pas de signe de malnutrition. En observant la date du rapport qui date de deux semaines et au vu des corps, elle découvre avec stupeur que les corps ne présentent aucun signe de décomposition. En fouillant les caisses, ils tombent sur de la nourriture sous la forme de boîtes de conserve qui dégagent un fumet assez répugnant.

Alors qu’ils se décident à partir, le sourd grondement se fait entendre à nouveau et une large portion du sol s’écroule en soulevant un épais nuage de poussière. Oldvein chute en premier, suivit de Severus et Layana qui lui tombent dessus. Ils se retrouvent alors au sommet d’un monceau de débris, dans une salle plongée dans une totale obscurité et où le moindre son provoque un écho.

La pièce est encombrée d’éboulis et une bonne moitié de la surface est bloquée par un énorme tas de rochers et de boue, né de l’effondrement du plafond. Le trou par lequel ils sont tombés ici est situé près d’un mur. Les parois elles-mêmes sont faites de mégalithes alignés, arcboutés les uns sur les autres. Un portail de pierre étroit donne sur un grand hall. Par le trou qu’ils viennent de créer, ils entendent et voient rapidement arrivé les autres survivants qui s’empressent de placer une corde pour descendre les rejoindre. Ils décident alors d’explorer ce sous terrain étrange espérant trouver des réponses sur ce qui s’est passé durant la bataille.

Leurs lampes ont bien du mal à éclairer l’immense hall et certaines alcôves ressemblent, de loin à, à des puits d’obscurité. Le plafond a la forme d’un impressionnant dôme de pierre. Les murs sont recouverts d’énormes mégalithes, au niveau du plafond, des pierres plates, arrangées en cercles concentriques forment un dôme grossier. Le sol rocheux et blanchâtre est inégal. Tout est recouvert d’une couche de poussière et des taches de boue séchée, çà et là, recouvrent le sol. Il n’y a aucune source d’éclairage et les parois de pierre répercutent le moindre son au point de le rendre assourdissant dans le silence ambiant. L’air est confiné et la masse de mégalithes qui recouvrent les murs et plafond confère une atmosphère claustrophobique à la caverne.

Oldvein passe le premier et à la sensation d’être observé, les ombres lui paraîtront animées d’étranges mouvements et il peut presque percevoir de faibles chuchotements.

Extrait audio (4sec) :

Il se décide à prendre longer le mur à sa droite accompagné de Layana tandis que Severus longe le mur de gauche accompagné de quelques soldats. Le reste des survivants s’avance au centre du grand hall, épiant les ombres.

Après avoir fait quelques pas, Oldvein se retrouve face à une grande fresque d’un mètre sur deux. Aidés de Layana, ils déterminent que les croix visibles dans sa partie supérieure représentent peut-être des étoiles, mais les tourbillons, les spirales et les zigzags sont difficiles à identifier.

Oldvein poursuit vers le nord tandis que Layana tombe sur une étrange ouverture. Contrairement aux autres portails en arche, c’est une ouverture carrée creusée au centre même d’une grande pierre dressée qui permet d’accéder à cet endroit. Toute la surface du monolithe est recouverte de lignes zigzagantes. L’ouverture est juste assez grande pour qu’elle puisse s’y glisser. Quand elle pénètre dans la pièce, elle sent rapidement une sensation de picotements aux extrémités de ses membres, tandis que ses cheveux se dressent sur sa tête et que sa peau se couvre de chair de poule. La salle est dotée d’un dôme très élevé, au point de ressembler à une sorte de conduit dont l’extrémité se perd dans les ténèbres. Trois groupes de trois mégalithes organisés en triangles occupent le centre de la pièce. Un de ces groupes s’est effondré. Les pierres sont toutes recouvertes de spirales et les parois portent des motifs identiques, mêlés à des zigzags. Ne désirant pas en découvrir plus sur ses étranges mégalithes, elle ressort prestement rejoindre Oldvein qui lui s’est rendu dans une alcôve creusée dans le mur nord. La pièce est constamment balayée par un courant d’air orienté vers la grande sortie. Il arrive face à ce qui ressemble à un autel en pierre brute et ce qui semble n’être de prime abord qu’un petit rocher installé devant cet autel, revêt en fait la forme d’un homme assis. Oldvein soucieux met en joue l’homme de son arme et s’approche de celui-ci, maintenant le faisceau de sa lampe braqué sur lui. Il s’agit du corps desséché d’un homme à la peau brune, craquelée et rugueuse, qui paraît avoir été figé alors qu’il levait les bras pour se protéger de quelque chose. La momie n’a plus de cheveux et son visage pétrifié arbore une expression de terreur absolue, renforcée par des yeux bleus quasi exorbités.

Oldvein imperturbable tente de renverser la momie avec la crosse de son arme n’ayant pour effet que de détacher son bras révélant une chair racornie qui tombe en poussière une fois au sol. Mais alors que le membre tombe, il remarque que les yeux de la chose se mettent soudain à bouger pour suivre ses mouvements. Instinctivement, Oldvein lève son arme et lui tire une décharge laser en pleine tête ayant pour effet de perforer le crâne et détacher la tête du corps. Oldvein s’empresse alors de l’écraser d’un coup de botte qui se retrouve tâchée du cerveau grisâtre et luisant. Il comprend alors que la momie était toujours vivante, prisonnière dans sa prison de chair desséchée !

Ayant entendu le tir, Layana arrive en courant vers Oldvein qui lui explique ce qu’il vient de faire. Mais leur attention se tourne rapidement vers le fond de l’alcôve. Un grand autel de pierre est couvert de motifs en spirale et la partie supérieure présente encore des traces brunâtres sinistrement évocatrices. Le mur derrière l’autel est orné d’un énorme bas relief représentant une espèce de monstre hideux entouré de spirales qui infligent des châtiments à des humains peints à même la roche avec des pigments aujourd’hui presque effacés.

Les deux soldats, perplexes devant cette fresque, décident de continuer l’exploration du sous terrain en longeant le mur nord. Ils passent devant une volée de marche descendant vers les ténèbres et préfèrent poursuivre leur chemin jusqu’à arriver devant une nouvelle alcôve dans le mur nord. En arrivant au fond du renfoncement obscur, ils découvrent une nouvelle fresque qu’ils n’arrivent pas à interpréter et décident d’appeler Severus qui pourrait certainement déterminer les détails des symboles.

Pendant leur découverte, Severus qui avait décidé de longer le mur gauche du grand hall tombe rapidement sur une alcôve exiguë conduisant jusqu’à une porte étroite s’ouvrant sur une volée de marches bloquée par l’effondrement des pierres du plafond. À l’aide des soldats qui l’ont suivi, ils se mettent à déblayer le terrain sous l’ordre de Severus qui poursuit son exploration. Il longe à nouveau le mur et pénètre dans un nouveau renfoncement. Face à lui, une large dalle gravée de spirales et de zigzags sur laquelle repose un squelette humain aux os jaunis et poussiéreux. Severus s’approche avec précaution et étudie les restes. Il remarque qu’une des orbites du mort est complètement recouverte par une excroissance osseuse et fibreuse. Le défunt était manifestement affligé de graves difformités ! Plus affreux encore, les dix doigts du cadavre sont deux fois plus longs que la normale et se terminent par des griffes acérées ! Severus décide alors de sortir son reliquaire et accompagné de prière envers l’Empereur dieu, il tente de purifier le lieu jusqu’à ce qu’il entende Layana et Oldvein l’appeler.

Il les rejoint devant la fresque, à l’autre bout du grand hall en passant près d’une ouverture creusée dans le mur ouest sans pour autant y prêter attention. Arrivé face à la fresque, il l’examine quelque minute et reste sceptique sur l’interprétation des symboles. Elle représente un énorme symbole solaire, à moins qu’il ne s’agisse d’une explosion, et ce qui semble être un gros reptile arpentant un champ de bataille.

Les trois soldats ne se laissent pas abattre et poursuivent l’exploration vers l’ouverture que Severus a découverte dans le mur ouest. Ils y trouvent derrière une pièce tout en longueur et au plafond bas qui est séparée du grand hall par une paroi composée de pierres dressées. Elle est recouverte d’amoncellement d’ossements humains. Des centaines de personnes paraissent avoir été inhumées ici. Seul Oldvein décide d’examiner plus en détail les restes. Il constate des difformités, similaires à celle du squelette sur la dalle, à savoir des excroissances pareilles à des tumeurs et des os démesurément développés. Un certain nombre d’os paraissent avoir été coupés, voire amputés. Les bords de ces coupures sont incroyablement lisses. D’autres ossements sont écrasés et certains crânes éclatés indiquent sans qu’aucun doute ne soit permis, que des actes d’une terrible brutalité ont été commis ici. À part les dépouilles silencieuses, la salle ne contient rien de remarquable et ils décident de se diriger vers les noirceurs de la terre en retournant près des marches.

Ils passent sous un grand linteau mégalithique pour se retrouver à l’entrée d’une caverne qui s’enfonce dans les profondeurs de la terre. Des degrés de pierre incroyablement anciens et usés se perdent dans l’obscurité. Ces marches sont recouvertes, çà et là de poussière, de gravats et d’ossements.

Extrait audio (9min):

L’après-midi s’étire interminablement tandis que le temps se détériore. Le ciel est nuageux et laisse peu d’espoir de s’orienter grâce au soleil. Le trajet est un véritable cauchemar. Le chemin est souvent coupé par des ravins qui obligent à chercher pendant des dizaines de minutes des chemins de contournement. Le froid et l’humidité commencent à produire leur effet et tout le monde finit par renifler et être secoué de quintes de toux.
Après une heure et demie de marche, le groupe de survivant décide de s’accorder une pause. Une quinzaine de minutes plus tard, Layana entend un bruit qui l’amène à penser que quelqu’un se dissimule dans un buisson situé un peu sur leur droite. Elle se concerte avec les autres à voix basse puis reprend à voix normale :

« Bon les gars, je vais me repoudrer. S’il l’un de vous s’avise de me suivre, il s’en rappellera. »

Puis elle se dirige vers le buisson. Un cri d’effroi retentit et un homme jaillit de sa cachette et s’enfuit, l’air terrorisé. Layana tente tant bien que mal de le rassurer, mais l’homme ne répond à aucune injonction. Elle n’en demande pas plus et lui tire une décharge dans la jambe qui fait chuter le fuyard permettant au groupe de survivant de le maîtriser sans problème. Chacun doit se faire violence alors que l’homme se révèle être un mutant portant un semblant d’uniforme, mais non armé. Il hurle de façon incontrôlable et tente de résister de son mieux. Layana essaye de le calmer puis aidé de Severus, ils tentent d’en apprendre plus sur lui. Il s’appelle Varn et il est lieutenant dans l’armée de la Foule Livide. Son uniforme boueux est couvert de sang qui s’est écoulé d’une blessure à son épaule gauche. Alors qu’ils lui demandent ce qu’il lui est arrivé, il jette des regards inquiets dans tous les sens :

« Les morts sortent de leurs tombes, leurs esprits sont en colère veulent venger les horreurs de la guerre. La fin du monde est proche. J’ai bien essayé de les arrêter… mais je n’y suis pas parvenu. Mes hommes ont tous été abattus ou étripés… tous mes braves soldats. Il en venait toujours plus. On leur a tiré dessus, encore et encore, mais cela ne leur faisait rien. J’en ai poignardé un, mais il n’a pas saigné ! Sa chair était morte ! C’était un mort vivant ! Pauvre Krell, pauvre jeune Krell. »

Puis il est brusquement secoué de sanglots et se met à se balancer d’avant en arrière en perdant tout contact avec la réalité et en fixant le vide.
Ils essayent tant bien que mal d’obtenir plus de réponses, mais le lieutenant ne fait que bredouiller :

« Les morts sont revenus, l’Empereur nous garde. »

Le ton monte, les autres soldats commencent à pousser violemment le mutant alors qu’ils relâchent leur attention. Varn saute alors à la jambe d’un des soldats, arrache l’automatique de son holster et se loge une balle sous le menton.

Déçu du peu de réponses qu’ils ont eu, le groupe reprend son chemin au cœur de la forêt. Ils arrivent bientôt au sommet d’un monticule pour découvrir un champ de bataille. Dans la petite vallée en contre bas, ils aperçoivent des corps disséminés au milieu des trous d’obus. Parmi ces morts, beaucoup sont des mutants horriblement mutilés.

Severus et Layana décident de descendre pour jeter un œil sur ce qu’il s’est passé ici tandis qu’Oldvein préfère les couvrir du haut du monticule. De sa position, Oldvein remarque qu’à en juger par la disposition des corps, les troupes assaillantes étaient composées de mutants et de Garde Impériaux alors que les défenseurs eux étaient tous mutants. De nombreuses traces semblent indiquer que beaucoup de corps ont été traînés ailleurs. Impossible de savoir où.
De leur côté, Severus et Layana découvrent que la plupart des hommes ont été tués par balle, mais certains ont aussi été éventrés et presque complètement déchiquetés. Aucune blessure par baïonnette, mais les morts ont des blessures graves comme des os brisés. Tous ont encaissé plusieurs balles et plusieurs cadavres portent des uniformes de la Garde Impériale de la compagnie B !

Après vos interminables déambulations dans l’Argonnesse, ils escaladent finalement une colline pour se retrouver en surplomb d’un village niché au cœur d’une petite vallée. De là où ils sont, ils observent que le hameau est entouré de champs et de vergers aux arbres squelettiques, faiblement illuminés par les derniers rayons du soleil. Le village est constitué d’une vingtaine de maisons tout au plus qui se pressent autour d’un clocher effilé et ne semble pas avoir été bombardé. Les habitations sont des formes sombres et basses et aucune lumière n’éclaire la moindre fenêtre. Il n’y a apparemment pas âme qui vive et le silence règne en maître.

C’est en descendant la colline qu’un vent décide de se lever et qui vient fouetter leur casque.

Ils atteignent finalement l’agglomération où il y règne une atmosphère oppressante. Des portes d’entrée de certaines maisons sont ouvertes…

Layana et Severus décident de se diriger vers l’église tandis qu’Oldvein et les autres soldats partent fouiller les maisons à la recherche des habitants.

En pénétrant dans la première maison, Oldvein traverse un couloir le long duquel il retrouve des enfants paisiblement assis sur les chaises d’une salle à manger, les assiettes remplies de nourriture pourrie, abandonnées sur la table. Puis il arrive dans une cuisine où il trouve ce qui semble être la mère de famille, assise sur une chaise, une bible à la main. Tout comme pour les enfants, le corps a une teinte grisâtre et présente d’affreuses taches noires sous les yeux et à la jointure de la mâchoire. La musculature des défunts paraît étrangement atrophiée. L’épiderme est desséché et floconneux et laisse une fine poussière sombre. Il n’y a aucun signe de décomposition.
Il remarque un hachoir à portée de main de la morte qu’il prend et il décide alors de monter à l’étage. Il découvre, alité dans un lit, le père de famille, lui aussi a le teint grisâtre. Révulsé, il s’empresse de le sortir du lit pour le débiter à l’aide du hachoir avant d’y prendre place et se reposer, un acte barbare certainement justifié par les atrocités subies depuis la caverne.

Oldvein est réveillé par un garde, quelque peu étonné par ce qu’il a fait. Néanmoins, il prévient Oldvein de le suivre, tout le monde se rend à l’église au trot pour rejoindre Layana et Severus. Sur le chemin, en discutant, Oldvein et le garde remarquent que la plupart des morts sont alités comme s’ils dormaient ou étaient malades au moment du trépas alors que les autres sont généralement assis près d’une porte ou d’une fenêtre. Cela se vérifiait pour toutes les maisons.

L’église qui se dresse au centre du village à l’air extrêmement ancienne. Ses fenêtres ont été condamnées à la hâte à l’aide de planches et le toit parait en mauvais état, comme s’il avait eu à subir une tempête. De chaque côté du grand portail on peut voir des statues gothiques, usées par le temps qui brandissent des épées et dont le pied droit repose sur la tête coupée de ce qui ressemble à des serpents géants. Des gargouilles ornent les coins de l’édifice et des rangées de saints au visage craquelés sont à peine discernables dans l’ombre, pourtant leur regard a comme une étrange intensité. Un mince rai de lumière filtre en dessous des portes de l’église.

Severus perçoit des sons provenant de l’intérieur, une voix qui murmure. Ils tentent d’ouvrir la porte, mais celles-ci refusent de s’ouvrir, un son métallique provient juste derrière elles. Severus lance l’idée de faire sauter les portes avec sa dernière grenade, idée vivement rejetée pas l’ensemble des survivants qui ne souhaitent pas toucher à une église impériale, Severus n’ayant pas l’air d’avoir ce genre d’a priori. Ils se contentèrent de frapper les portes ornementales et une voix à l’intérieur de l’église se fait entendre, suivie aussitôt par des hurlements frénétiques et incompréhensibles. Ils se mettent décident alors de défoncer à coup d’épaule les vantaux ce qui leur révèlent une scène surprenante.

Tous les bancs sont ornés de centaines de cierges, dont quelques uns sont montés sur des candélabres ornementaux. La lumière projetée par les bougies éclaire les statues des apôtres et les colonnades blanches qui bordent l’allée centrale, alors que les murs et les vitraux restent plongés dans l’ombre. Le chœur est brillamment illuminé par une véritable forêt de cierges rassemblés autour de l’autel.
Le transept est décoré d’une peinture flamboyante représentant l’Empereur vêtu de pourpre assis sur un nuage et flanqué par des chérubins qui semble inviter les fidèles à se repentir alors que plus bas de grands serpents se tordent dans les ténèbres, accompagnés de démons. Un grand aquila suspendu à des chaînes surplombe l’autel.

Alors qu’ils pénètrent dans l’église, debout devant l’autel se tient un prêtre portant ses vêtements de messe. Il les invite à entrer avec des gestes nerveux et commence à crier :

« Venez ! Vite ! Pour l’amour de l’Empereur, fermez les portes ! », en se précipitant vers eux.

Les portes une fois fermées, les soldats remarquent qu’une chaîne en plomb, maintenant brisée, condamnait l’entrée. Les vantaux sont par ailleurs ornés d’un gros cachet de cire ornée d’un sceau que Severus détermine comme étant un sceau de protection contre le mal. Celui-ci est brisé et le prêtre a une expression hagarde. Il est couvert de sueur, ses mains sont agitées de tremblements ainsi que des cernes noirs sous ses yeux qui roulent en tout sens comme ceux d’un fou :

« Allons jusqu’au chœur pour discuter, nous serons plus à l’aise. »

Ils se dirigent alors à l’autre bout de l’église, le vieillard sursautant au moindre bruit et ne cessant d’épier les coins d’ombre. Ils remarquent que le sceau de la porte a été reproduit un peu partout dans l’église, aussi bien dans la cire des cierges que dans le bois des bancs.

Ils apprennent de lui qu’il s’appelle Gaïus et qu’il a passé de nombreux jours ici, tandis que ses ouailles périssaient. Gaïus commence alors à se lancer dans un long discours embrouillé dans lequel il exhorte les gardes impériaux à se repentir et à se préparer au jugement dernier. Il raconte que des démons sont sortis des entrailles de la terre et qu’il faut maintenant résister de toutes ses forces au sommeil. Puis il devient de plus en plus incohérent et marche de long en large avant de bredouiller des mots sans suite :

« C’est la guerre qui les a fait venir. Toutes les souffrances endurées ont brisé les sceaux et réveillé les furies assoupies. Quand les hommes dorment, elles leur volent leur âme et les condamnent à un horrible trépas. Bientôt les morts se lèveront et les suppôts du Chaos se mettront à l’ouvrage. », Gaïus s’agite de plus en plus, « Les serviteurs des sombres puissances sont en marche ! Comme ils l’ont déjà fait jadis, ils vont essayer d’appeler le mal sur Tranch et dévourir les portes de l’Empyrean. Libera nos Emperor, ex diaboli inferni ! Les registres des temps anciens, les versets qui les combattent, les incantations qui banniront le mal ! Les soldats doivent les arrêter, avant que tous les hommes subissent la damnation… Qu’est ce que c’est ? »

A ce moment précis, un brut de grattement se fait entendre au niveau des vitraux, comme si une horde de rats courait le long des murs et sur le toit. Le prêtre hurle alors que brusquement un étrange cristal qui reposait sur l’autel commence à luire d’une lumière bleuâtre d’outre tombe. Le vieillard s’en saisit aussitôt et le confie à Oldvein. Il réunit ensuite un livre d’aspect ancien et le remet à Severus, en ajoutant :

«Prenez les, il le faut. »

D’un seul coup, les portes de la chapelle s’ouvrent en grand et une violente rafale de vent éteint toutes les bougies. L’édifice baigne désormais dans une luminosité verdâtre, les bancs se soulèvent dans les airs, deux par deux, puis retombent sur le sol. C’est alors que l’enfer se déchaîne. Les vitraux volent en éclats et un tourbillon prend forme et anime avec fureur les planches, les cierges et les morceaux de verre. Toute cette scène épouvantable est éclairée par le cristal vert qui est maintenant animé de pulsations. Un nouveau son se fait entendre, un infernal crissement de métal au dessus de leur tête. Quand ils lèvent les yeux, les gardes remarquent le grand aquila qui s’agite au bout de ses chaînes qui se brisent brutalement. L’aquila tombe alors avec violence sur Gaïus qui se retrouve proprement à moitié écrasé. Au moment même où l’aquila s’abat, tous les débris tombent à terre dans un tintamarre assourdissant et le silence de la chapelle n’est dès lors plus perturbé que par les hoquets du prêtre qui vomit un flot de sang et meurt.

Les soldats commencent à ressentir une étrange impression. Un faible bourdonnement résonne au travers de leur corps et ils commencent à ressentir des picotements. Leurs cheveux se dressent sur leur tête et après quelques secondes, des formes aux couleurs vives apparaissent devant leurs yeux. Ils en ont bien assez vu et décide de fuir l’église en prenant appui aux statues de saint pour sortir par les fenêtres brisées. Un des soldats est trop lent à sortir, trop lent pour monter au rebord, et c’est accompagné de son dernier cri qu’ils s’enfuient de l’église.

Le bourdonnement s’intensifie et tandis que les soldats courent dans la nuit, l’obscurité est brutalement repoussée par un éclair aveuglant. Ils se sentent soulevés de terre et ils sont comme aspirés vers l’église. Ils retombent toutefois alors qu’un faible bourdonnement résonne encore et que la lueur dégagée par le cristal diminue progressivement.

Les gardes s’extraient de la boue glaciale, tandis que le vent s’apaise peu à peu. En regardant derrière eux, ils constatent que l’église a disparu. Il n’en reste pas la moindre pierre, rien qu’un tas de quelque chose qui ressemble à du verre fondu mélangé à des cendres. Tout autour, les maisons du village plongées dans le silence. Ils ont la désagréable impression que le moindre de leur fait et geste est épié par des yeux morts. Progressivement ils sont submergés par une étrange sensation d’effroi viscéral qui fait résonner leurs tempes et pèse sur leurs épaules comme un poids insupportable. C’est comme si quelque chose essayait de s’insinuer de force à l’intérieur de leur crâne.

Le soldat Titus se montre particulièrement affecté par l’ambiance morbide. Il devient de plus en plus agité et fixe attentivement l’obscurité, en n’arrêtant pas de se retourner :

« Vous ne les entendez pas ? Ils chuchotent ».

En tendant l’oreille, Oldvein entend effectivement un faible murmure, comme un chœur d’église provenant de quelque part derrière eux. Les mots sont trop indistincts pour être compris mais une chose est certaine c’est qu’il ne s’agit pas de voix humaines.

Titus est littéralement terrifié :

« On peut y aller là ?! ».

Les ombres de l’Argonnesse se referment de nouveau sur eux. Au bout d’une centaine de mètres, la brillance du cristal s’atténue en même temps que le malaise ambiant se dissipe. Les trente kilos d’équipement sans compter les quinze bons kilos d’armures et de vêtements imprégnés d’eau et de boue ont raison de Layana qui ne discerne plus ce qui l’entoure alors qu’elle sent sa tête rebondir sur le sol avant de sombrer dans l’inconscience.

Le groupe de survivants décide de monter un camp et de prendre une nuit de repos. Une nuit peuplées de cauchemar peuplé de serpents et de cadavres. Quant à lui, Severus décide de jeter un œil sur le livre que lui a remis le prêtre Gaïus. Il s’agit des chroniques de l’abbaye depuis sa création, plusieurs marque page dépassent de l’ouvrage. La lecture des pages marquées renseigne Severus sur des évènements du passé de la région.

Le premier marque page est un récit datant de cinq siècles racontant une guerre entre pays durant laquelle les psykers ennemis auraient amené un grand mal sur les terres. Les habitants furent atteints d’un mal étrange qui frappe de nuit en tuant jeunes et vieux dans leur sommeil sans qu’aucune prière à l’Empereur puisse repousser les esprits mauvais. Les morts avaient un visage couleur cendre et quelques marques sous les yeux et au cou. Un jour, l’abbé Attelus aurait eu la vision d’une grande pestilence qui régnait sur Tranch et donc la corruption donnait naissance à un grand ver. Celui-ci devrait ériger un haut pilier de pierre avant de briser les sceaux et libérer le Chaos pour détruire le monde. Il fit appel à l’Inquisition et un inquisiteur du nom de Kaloy fut envoyé. Alors qu’il enquêtait auprès du peuple, il se cloitra dans sa cellule en priant l’Empereur de lui accorder sa divine sagesse. Il expliqua à l’abbé qu’il avait avec un lui un livre écrit avec l’encre de la laideur et de la damnation. Un texte plein de blasphèmes et de tentations, d’une telle atrocité que seul un homme de grande foi peut le lire sans perdre son âme. L’abbé déclara que cet ouvrage était un outil du Chaos et qu’il devait être jeté au feu mais l’inquisiteur n’en fit rien car il pouvait contrecarrer les projets de l’ennemi. Il alla jusqu’à la Pierre Noire où les païens et leurs amis démoniaques tentaient de raviver le chaos grâce à des rites ténébreux. Il s’empressa de purifier le lieu par la flamme et part les rituels résistant aux assauts des démons et obligeant le ver à disparaitre et retourner dans le warp. L’inquisiteur repartit mais lassa derrière lui un joyau capable de briller d’un feu de couleur verte si les démons revenaient un jour. Ainsi vu vaincue la pestilence.

Le second marque page donne sur un passage qui raconte l’histoire d’un puissant sorcier ayant acquis un pouvoir immense auprès des démons qui résidaient dans la terre de ce lieu. Le sorcier nommé Katal les ramena à la conscience quand il massacra le peuple de Bayal. Les démons hantaient la région pendant la nuit pour boire les âmes des dormeurs. Katal appris à leur parler et appris qu’ils venaient d’un autre espace. Ils furent puissant, dominant la planète en des temps anciens, dirigeant un grand empire, puissant leurs adorateurs et déclenchant de puissantes tempêtes contre leurs ennemis. Il apprit qu’ils sommeillaient dans les cavernes attendant d’être réveillés par la douleur et la souffrance. Il apprit qu’ils avaient un dieu, un dieu synonyme de pestilence et d’immortalité impatient de revenir dans ce monde. La fin du passage raconte qu’un jour, un étranger vint prononcer une incantation qui brisa l’enchantement et le pouvoir des démons. L’incantation est écrite à la suite.

Le troisième marque page est en fait composé de deux papiers qui parlent d’une ancienne guerre lors de laquelle la peste revient avec les mêmes symptômes et qu’aucune corrélation n’est établie avec ce qui s’est passé il y a cinq siècles. Après quelques semaines, des sorcières et des sorciers ont été brulés sur la place publique et les problèmes s’arrêtèrent. Le second papier parle du temps des guerres d’il y a deux siècles durant lesquelles la région était de nouveau en proie à la maladie et d’une bande de brigands qui se sont installés non loin d’une pierre noire. La mortalité augmente mais les choses finissent par se calmer bien qu’il soit rapporté que la pierre de l’abbé lui d’une clarté sacrée. Là aussi, le papier raconte que personne n’a fait le rapport avec les évènements d’il y a cinq siècles.

L’aube blafarde et brumeuse se lève pour réveiller les huit survivants de la compagnie C. Après un repas constitué de boîte de flageolet, le groupe décide de reprendre sa marche. L’après-midi est déjà bien avancée quand ils entendent des voix provenant de devant eux.

Chaque survivant avance avec précaution dans les fourrés et prend position. Les personnes ne se font pas discrètes et ils tombent sur une scène étrange. Dans une clairière ravagée se tiennent à peu près dix personnes vêtues de fourrures mitées et de haillons. Les traits de leur visage émacié par la malnutrition arborent une expression qui mêle à la fois angoisse et épuisement. Ils ne sont pas armés et sont occupés à déplacer les cadavres de victimes d’une embuscade pendant que d’autres se contentent de rester debout à fixer les brouillards environnants.

Severus et Layana décident d’aller à leur rencontre arme en bandoulière tandis que Oldvein ordonne aux autres soldats d’être prêt à faire feu. Alors qu’ils descendent le monticule, un guetteur repère les deux gardes impériaux et donne l’alarme, ses compagnons poussent aussitôt des exclamations d’effroi et lèvent spontanément les mains en l’air. Rapidement, Severus et Layana calment le jeu et s’annoncent comme étant des soldats de la Garde. Ils sont accueillis avec enthousiasme et expriment leur joie de les rencontrer. Les hommes n’ont plus l’air effrayé et ils ne montrent pas de mauvaises intentions. Oldvein fait signe aux hommes de rejoindre les deux soldats avec calme et tous sortent de leur couvert, le canon de leur fusil pointé au sol. Un homme qui semble être leur meneur s’avance :

« Les morts doivent’êt’ enterrés chef, même si les mutants paraissent s’moquer autant du sort des vivants que d’celui des défunts. On est qu’de pauv’ paysans qui habitent dans l’bois d’puis des générations et on r’fuse d’quitter nos biens malgré la guerre. »

Les survivants apprennent alors que les paysans s’occupent d’enterrer les morts loin de leur village, qu’ils soient mutants ou impériaux et que de nombreuses échauffourées ont eu lieu ces derniers mois. Pourtant, ils n’ont pas souvenirs d’avoir trouvé d’hommes des compagnies B et D. Ils observent un moment les soldats puis ils les invitent à les accompagner jusqu’à leur campement pour y prendre un repas chaud, car ils semblent avoir froid et faim.

Le groupe s’enfonce dans les bois avec leurs compagnons en guenilles. Durant le voyage, ils remarquent que plusieurs des réfugiés sont armés d’automatiques et de baïonnettes utilisés par les mutants. Ils ne demandent pas aux paysans d’expliquer cela et continue à les questionner sur leur campement, les affrontements récents, pour quoi ils enterrent les corps et ce que les paysans ont subi. Le meneur sort une baïonnette de sa ceinture et la met bien en évidence :

« V’voyez, on a ramassé ces objets sur des cadavres. Faudrait êt’ fou pour s’promener sans arme dans les parages. Et not’ village, il est tombé aux mains des bouchers mutants il y a quelques mois (les paysans crachent tous par terre à ce moment-là). Beaucoup d’nos amis ont été tués et l’ennemi nous a pris tous nos vivres et not’ bétail. Depuis, on arpente la forêt pour trouver d’la nourriture. On a vu des batailles féroces et on a entendu des histoires sur des atrocités sans nom. Par exemple, on a appris qu’not’village avait littéralement été rasé par les combats, mais qu’les mutants ont été repoussés. »

Le groupe arrive bientôt en vue du campement : un rassemblement sordide de tentes de fortune et de chariots, installé au fond d’un ravin encaissé. Les femmes et les enfants s’enfuient en les voyant alors que les hommes se montrent nerveux et agités. Une forte odeur de cuisine flotte dans l’air. Un réfugié s’approche des soldats et les guide jusqu’à un abri :

« Je m’appelle Orl, attendez là, nous allons préparer un accueil digne de vous. »

À quelques mètres de là, une vieille femme aiguise posément un grand couteau de cuisine tout en les fixant silencieusement et attentivement.

Dans l’abri règne un épouvantable désordre où s’empilent ça et là les biens de toute une famille.
Les soldats se mettent à l’aise tandis que Layana leur donne quelques consignes :

« Bon, on va la jouer tranquille. Mais restez sur vos gardes compris ? »

Quelques minutes de repos plus tard, une lumière verdâtre commence à envahir la pièce. Oldvein constate avec effroi que le cristal commence à émettre une horrible lueur verte. Le groupe met du temps à réagir. En jetant un œil par la toile servant de porte à l’abri, Severus découvre qu’ils sont encerclés par une vingtaine d’hommes, dont beaucoup sont armés. Il n’y a aucune autre sortie dans l’abri de bois et le temps leur file entre les doigts. Soudainement, un paysan montrant une grimace haineuse fait irruption dans la pièce et se fait accueillir par une volée de tir laser. Les soldats sont anxieux et décident de se tenir à l’entrée de l’abri pour canarder tout ce qui bouge. Tandis Layana et Severus font usage de leurs grenades en clairsèment le rang des ennemis, ils remarquent tous à peine que de l’uniforme de deux soldats s’élève des fumerolles et qu’en quelques secondes celui-ci s’embrase littéralement. Un puissant cri de douleur accompagné d’une odeur de chair faisandée retentit alors qu’il s’effondre au sol. Le cristal lui de plus en plus fort, des murmures s’élèvent à la limite de leur perception. Le temps de se remettre à couvert, ils remarquent que parmi les vêtements entassés, il y a une veste réglementaire de la garde impériale. Elle est couverte de taches sombres et porte les insignes de la compagnie D du 308e régiment ! Entendant l’arrivée de nouveaux paysans, les gardes impériaux décident de fuir rapidement ce village et ils font une percée jusque dans la forêt.

Tandis que les balles sifflent encore à leurs oreilles, les gardes s’enfoncent dans les profondeurs de la forêt d’Argonnesse. Derrière eux, ils perçoivent bientôt des cris accompagnés d’aboiements canins. Ils courent au milieu des buissons épais et d’entrelacs de fil de fer barbelé, manquant de trébucher à chaque fois qu’ils posent un pied. Les ombres du soir commencent à s’allonger, des torches éclairent la forêt derrière eux. Rapidement, ils réalisent qu’il est impossible de distancer leurs poursuivants en conservant cette allure, ils ont déjà perdu de vue les trois soldats restants. Le poids de leur paquetage les fatigue beaucoup trop. Oldvein décide alors d’un baroud d’honneur en prenant position derrière une souche. Il faudra attendre l’intervention de Layana pour qu’il ne perde pas sa vie inutilement.

Extrait audio (20 sec) :

La course reprend de plus belle dans la forêt. Le groupe perd de la distance en chutant violemment, les poursuivants sont presque sur eux.

Extrait audio (31sec) :

Décidé à fuir rapidement, une grenade est lancée vers les poursuivants pendant leur course effrénée. Alors que la nuit tombe, les cris des poursuivants commencent à se fondre dans le lointain et un épais brouillard se lève. Ils sont tous épuisés et ils ralentissent maintenant leur allure en trébuchant au milieu de la brume. Tout paraît à nouveau perdre ses couleurs naturelles et la forêt se transforme progressivement en un monde de gris et de noir en proie à une fine bruine.

Après avoir repris leur souffle, ils remarquent que les arbres autour d’eux… ne sont pas des arbres !
Il s’agit d’hommes ! De morts au garde à vous qui arborent des plaies béantes à la poitrine et au ventre et dont les yeux blancs semblent fixés droit devant eux ! Dans la faible lumière, les cadavres semblent insensiblement les encercler. De ce qu’ils peuvent voir, les morts ont l’air d’être plusieurs milliers, ils se tiennent au garde à vous bien en rang. Des mutants et des Garde impériaux se tiennent cote à côté comme s’ils attendaient des ordres, arme à l’épaule. Parmi les rangs de mort, ils découvrent les insignes des compagnies B et D du 308e sur certains soldats de la garde.

La folie les guette alors que les trois soldats perdus font irruption :

« Hey, z’avez vu ça ? C’est quoi ce bordel hein ? En plus, ils sont débiles regardez. »

Le soldat s’approche d’un des morts et lui lance un coup dans les côtes, le mort vivant n’a aucune réaction. Puis il le pousse, celui-ci tombe à terre et se relève aussitôt.

Les survivants tentent de garder leur calme et partent à la recherche de grenades. Mais ils ne trouvent que des munitions pour leur fusil laser ainsi qu’un étui à carte et une boussole dans les poches de l’uniforme d’un mutant.
Sur la carte, ils repèrent une grande clairière qui peut leur servir de point de repère. Après une dizaine de minutes de marche, sous le regard vide des morts environnants, ils arrivent enfin à la trouée pour découvrir qu’au beau milieu se dresse un monolithe. La pierre d’Oldvein luit très faiblement. Severus observe de plus près la pierre. La roche n’est pas noire, mais porte des symboles similaires à ceux découverts dans la caverne. Severus décide alors d’entonner le chant en espérant bannir le mal de ces lieux.

Extrait audio (19sec) :

Rien ne se passe, la pierre luit toujours faiblement et les morts qu’ils peuvent voir à l’orée n’ont pas bougé d’un iota. Ce faisant, le groupe décide d’utiliser ce qui leur reste de grenade pour faire sauter le monolithe. La pierre une fois brisée, il n’y a aucun nouveau changement notable.

Les gardes décident alors de replonger dans les ténèbres de plus en plus épaisses, affamés et grelottant. Le brouillard semble cependant devenir de plus en plus impénétrable et se transforme en un véritable mur immaculé, traversé çà et là par des arbres. Ils atteignent finalement le sommet d’un monticule. La scène est baignée d’une lueur spectrale, une lueur émise par la pierre. Soudainement, le soldat Titus s’avance comme s’il avait été poussé en direction d’un petit ravin. C’est accompagné du cri de sa chute qu’eux aussi sentent qu’on les pousse et ils entendent des bruits de chuchotements.

Une voix résonne au fond du ravin :

« A l’aide, au secours, sortez-moi d’ici ahhhh. J’arrive pas à sortir de là, j’suis coincé dans des fils. »

Layana lui jette une corde tandis qu’un soldat à côté d’elle amène ses mains à sa gorge, il semble suffoquer et des petites cloques apparaissent sur ses mains et sur son visage avant d’éclater et faisant dégouliner des humeurs et du sang. Cela ne dure que quelques instants avant qu’il ne se laisse tomber à genoux, à bout de souffle.

Du ravin, Titus hurle :

« Vite ! Donnez-moi le livre ! L’incantation peut nous sauver ! »

Severus entonne une nouvelle fois l’incantation, mais rien ne se passe, la pierre d’Oldvein émet une lueur verdâtre significative et à peine Titus ressort du ravin qu’il se jette sur Severus, les mains en avant, les yeux révulsés et l’écume aux lèvres. Titus tombe brusquement à terre après avoir reçu une balle dans une jambe et en rampant une voix profonde et inhumaine qui n’est pas la sienne résonne :

« Pauvres fous. Toute résistance est inutile. Nous avons attendu pendant une éternité que vienne l’heure de notre vengeance et personne ne peut plus nous arrêter. Le Grand Immonde … »

Titus, ou plutôt celui qui parlait à travers lui n’ont pas le temps de terminer sa phrase alors que Layana lui loge une balle derrière la tête. Le corps s’effondre, la pierre perd de son intensité et le calme revient, accompagné de tristesse.

Au terme d’une heure supplémentaire de déambulation au cœur des ténèbres et après avoir traversé une futaie particulièrement dense les six soldats aperçoivent en face les faibles lueurs émises par des feux. Juste à cet instant, un tir retentit et une décharge siffle à aux oreilles Layana. Une voix tremblotante les interpelle « Qu-qui va là ? ».

Des ombres sortent trois sentinelles et s’approchent d’eux avec précaution, arme en main, un peu comme si elles craignaient une ruse de l’ennemi, mais l’une d’elles pousse un cri de joie :

« Hey Grimm c’est toi ! Putain t’es vivant ! »

Les deux autres sentinelles se détendent et les accueillent à coup de poignée de main et de tapes dans le dos.

L’un des gardes se tourne vers eux :

« Seconde classe Mithras, j’vais vous conduire jusqu’au Major Whittlesey.»

Le groupe sort de l’Argonnesse pour déboucher sur une étroite vallée complètement dévastée. Tous les arbres sont renversés ou ressemblent à des squelettes de bois carbonisé. Le sol est constellé de cratère d’obus et de monticules de boue et de débris. Les survivants du 1er bataillon errent au milieu des décombres, vêtus d’uniformes déchirés et souillés. Les soldats vont d’un trou d’obus à l’autre par petits groupes. Plusieurs fois, ils passent à côté d’hommes qui sont morts gelés, pendant leur sommeil. Personne ne mange, parce qu’il n’y a plus de vivres. Des têtes tournent à leur passage et des yeux luisent. Ils peuvent presque comprendre les murmures qui s’échangent dans leur sillage :

« Est-ce que c’est la relève ? Est-ce qu’ils sont enfin parvenus à passer ? »

Rapidement une petite foule s’assemble autour d’eux et les suit anxieusement alors que la pluie glaciale recommence à tomber.

La seconde classe Mithras emmène les survivants au milieu de la vallée ravagée jusqu’à un profond cratère abrité par une couverture. C’est là que se tiennent Whittlesey et le reste de son état-major, blottis autour d’une lampe à pétrole. Le visage sombre du major se tourne vers vous et la monture de ses lunettes lance un éclair et Mithras vous présente :

« Les survivants de la compagnie C, deuxième peloton, Major ! »

Whittlesey ouvre grand les yeux :

« Trône ! Au rapport, immédiatement ! »

Extrait audio (5min 21sec) :

« Bon, Mithras, emmène-les jusqu’à la tranché 3 dans le périmètre nord. »

Les soldats ne sont pas encore sortis de sous la tente que des décharges laser sont lancées du côté du périmètre ouest. Puis c’est vers les arbres plongés dans l’obscurité que des armes se font entendre accompagnés par des hurlements. Une fois dehors, ils aperçoivent deux sentinelles jaillissant de la forêt. Des coups de feu claquent un peu partout, des explosions illuminent le champ de bataille et brusquement, des formes mouvantes apparaissent entre les arbres. Une ligne de soldats avance d’un pas décidé.

Mithras les emmène vers les tranchées nord. Le vacarme des tirs et des cris des mourants est assourdissant. Des soldats courent en tous sens, poursuivis par des zombies, ceux qui se font rattrapés sont proprement démembrés. Toutes ces scènes sanglantes et morbides sont éclairées par les explosions de grenades. Jusqu’à ce que Oldvein remarque un groupe d’hommes portant des uniformes mal ajustés qui courent dans l’obscurité. Son attention est particulièrement attirée par le visage de l’un des inconnus… qui est orné d’une énorme protubérance sur son côté gauche !

Extrait audio (9min 55sec) :

Au centre de la vallée, une femme bien entourée discute avec le Major qui jète des coup d’oeils dans leur direction. Derrière eux se tient un Gun Cutter noir frappé du non moins effrayant mais reconnaissable I de la très Sainte Inquisition. A aucun moment ils ne pensent… que leur destin est en marche !

Catégories: Dark Heresy

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